En France, tous les trois jours, une femme est tuée par son conjoint ou ex-conjoint. Environ 200 000 femmes sont victimes de violences conjugales, et dans ce chiffre n’est pas compris celles qui préfèrent garder le silence. Ces violences ne sont pas exceptionnelles puisque 70% des victimes reconnaissent avoir déjà été agressées par leur homme violent à plusieurs reprises. Que faire quand on est une femme battue, comment se défendre de la maltraitance conjugale ?
Violence conjugale
Même si un homme, qu’il soit votre conjoint, mari, concubin, pacsé ou petit-ami, promet qu’il ne recommencera plus, même s’il vous supplie de lui pardonner, s’il vous a battu une fois, certainement, il vous battra à nouveau. Et puisque vous êtes une victime de violence conjugale, il faut donc agir.
Femme battue : que faire ?
1 - Allez voir un médecin
Consultez un médecin pour recevoir des soins mais aussi pour obtenir un certificat médical.
Le certificat du médecin sur lequel seront notées les violences que vous aurez subies constituera une preuve dans le cadre d’une procédure judiciaire, même si elle a lieu plusieurs mois après. Ce constat, à faire au plus vite, même si vous ne voulez pas porter plainte. Il peut être établi à l’hôpital, par votre médecin traitant ou n’importe quel médecin.
2 - Allez au commissariat ou à la gendarmerie
Vous ne voulez pas porter plainte
C’est votre droit ! Faites seulement une déclaration en main courante. Cette formalité permet d’inscrire dans un registre, en le datant, les violences dont vous avez été victimes. Votre conjoint ou votre famille n’en saura rien. Il s’agit juste d’une preuve qui pourra peut-être vous aider un jour.
Un procès-verbal de renseignements judiciaires existe à la gendarmerie.
Vous voulez porter plainte
Vous déposerez une plainte auprès des services de police ou de gendarmerie.
Si vous désirez porter plainte, la visite chez le médecin ne sera pas obligatoire. On vous dirigera vers un hôpital dans un service d’unités médico-judiciaires avec une réquisition d’un officier de police judiciaire ou au service des urgences.
N’ayez crainte, la police ou la gendarmerie ne vous jugera pas, mais vous aidera
Vous pouvez aussi porter plainte en adressant directement au Procureur de la République une lettre recommandée avec accusé de réception, datée et signée, adressée au tribunal de grande instance de votre région. Le tribunal de grande instance juge les litiges civils opposant des personnes privées.
Vous ne pouvez sortir de chez vous
Appelez le 3919
Ce n'est pas un numéro d'appel d'urgence mais un numéro national unique d'écoute anonyme et gratuit, destiné aux victimes ou aux témoins de violences conjugales.
Appel gratuit
Du lundi au samedi de 8h à 22h
Les jours fériés de 10h à 20h.
En cas d'urgence
Appelez Police secours
En composant le :
17 d’un fixe
112 d'un portable
Appelez les urgences médicales(SAMU).
En composant le 15
Notez et apprenez par cœur ces numéros de téléphone
Vous ne pouvez téléphoner
Prévenez ou faites prévenir :
- L’institutrice des enfants, si vous en avez.
- L’assistante sociale
- Une voisine
Que les faits soient anciens ou récents, si vous êtes victime de violence, il faut en parler à une personne en qui vous avez confiance !
Lui seul est responsable, pas vous !
Mariée ou non, en concubinage, liée par un PACS, séparée, divorcée, en aucun cas vous n’êtes responsable des actes de violence sur vous.
Non, vous n’êtes ni bête, ni folle, ni méchante !
Oui l’homme qui vous bat est un malade !
Et quelles que soient ses explications ou ses regrets, son comportement est injustifiable et condamnable !
Sachez-le, en France, même si vous n’êtes pas française, la loi ne lui permet pas de vous agresser ni verbalement ni physiquement.
La loi
En France, un homme n’a pas le droit de vous:
- Donner des coups
- Violer
- Séquestrer
- Mordre,
- Bruler
- Lancer des objets
- Injurier
- Menacer
- Humilier ou de se moquer de vous
- Interdire de voir vos amis ou votre famille
- Interdire de sortir
- Interdire de travailler
- Contrôler vos dépenses si vous travaillez
- Prendre votre carte bancaire et votre chéquier si vous travaillez
- Prendre votre carte d’identité, passeport, livret de famille, carnet de santé, carte vitale, diplôme, etc.).
Si vous êtes victime de violences conjugales, la loi vous protège !
Ce que dit la loi :
« Les violences conjugales sont punies qu'il s'agisse de violences physiques, psychologiques ou sexuelles.
Avant même la condamnation de l'auteur, la victime peut bénéficier de mesure de protection. Ces infractions concernent les couples mariés, pacsés ou en union libre.
La victime peut porter plainte pour obtenir la condamnation de la personne avec qui elle vit ou vivait. »
Même si la victime retire ensuite sa plainte, le procureur de la République peut maintenir les poursuites contre l'auteur des faits.
Départ volontaire
Une victime de violences conjugales peut également quitter le domicile conjugal, avec ses enfants.
Pour faire empêcher que ce départ ne lui soit reproché, la personne peut déposer une main courante au commissariat de police ou à la brigade de gendarmerie.
Le fait de subir des violences justifie le départ du domicile. »
Vous avez peur de ce qui va arriver ?
Parce qu’elles ont peur de l’avenir, des représailles, qu’elles veulent protéger leurs enfants, et leur vie, ou parce qu’elles se sentent honteuses ou responsable de ce qui lui arrive, une femme sur 5 pourtant victimes ne confie son calvaire à personne. Seulement 10 % des femmes, qui se déclarent victimes de violences conjugales ont déposé plainte.
Si cela peut vous rassurer, l’Etat a prévu pour vous des mesures d’accompagnement.
Après avoir porté plainte
Vous pourrez bénéficier d’aides financières : prise en charge des frais de justice, APL, ASSEDIC, allocation familiale…
Préparez votre départ
Constituer un dossier
Avec un ou plusieurs certificats médicaux, récépissé de dépôt de plainte ou main courante, décisions judiciaires, pour faire aboutir au mieux les poursuites judiciaires contre votre mari ou compagnon, par la suite, il serait bon de demander à vos proches ou vos voisins des témoignages écrits datés, signés et accompagnés d’une copie de leur pièce d’identité.
Sauvegarder vos papiers et documents
Déposez en lieu sûr, au bureau ou chez des proches, le dossier que vous avez constitué, vos papiers importants : carte d’identité, carte de Sécurité sociale, bulletins de salaires, diplômes, documents bancaires, titres personnels de propriété…
Aider une femme victime de violence
Si vous connaissez une femme qui essaie de masquer ses blessures, si elle ne peut ou ne veut pas expliquer ses blessures, si elle semble apeurée, si elle trouve des excuses au comportement de son compagnon, ou se met en colère si vous proposez de l’aider, si son compagnon surveille ses moindres gestes, écoute ses conversations téléphoniques ou si elle n’a pas accès à un téléphone, et s’il la suit ou elle n’est pas libre de ses mouvements… surtout si elle parle mal le français, et est isolée sans ami ni famille, aidez-la !
Tous, amis, relations, famille de la victime peuvent aider. C’est même un devoir !
Vous pensez que cela ne vous regarde pas ? En France une femme est tuée tous les trois jours par son conjoint ou ex-conjoint.
Cette femme est en danger, aidez-la !